Guerre commerciale : accalmie américaine, mais vigilance de rigueur pour les investisseurs
- Richard MODESTO
- il y a 4 jours
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Guerre commerciale : Washington souffle le chaud et le froid, les marchés reprennent leur souffle
Alors que les annonces contradictoires émanant de l’administration Trump ont semé le trouble ces dernières semaines, un tournant plus conciliant semble s’être amorcé sur le front commercial. Washington a annoncé une exemption temporaire des droits de douane sur les produits technologiques chinois, passant de 145 % à 20 %, une mesure qui a rassuré les marchés. En parallèle, des progrès dans les négociations avec le Japon laissent entrevoir un premier accord bilatéral qui pourrait ouvrir la voie à une série de compromis internationaux.
Ce changement de ton a permis aux marchés actions d'effacer près de la moitié de leur correction depuis le 2 avril, et le discours du Secrétaire au Trésor, S. Bessent, a renforcé ce mouvement. Il a rappelé que les taux annoncés début avril constituaient des plafonds amenés à être renégociés, et s’est montré confiant quant à la capacité de l’administration à rassurer les investisseurs et éviter une entrée en récession.
Des concessions toujours très exigeantes
Derrière cette détente apparente, les concessions exigées par les États-Unis restent particulièrement contraignantes. L’Europe est appelée à revoir ses normes agroalimentaires, à tolérer une augmentation des prix des médicaments et même à envisager un abaissement de la TVA. Quant aux pays asiatiques (hors Japon), ils se voient poussés à rompre toute coopération économique avec la Chine, dans une stratégie assumée d’isolation de Pékin.
Ces exigences, même si elles ne sont pas nouvelles, entretiennent un climat d'incertitude élevé pour les entreprises, dont la visibilité se réduit sensiblement.
Certaines, comme ASML, évoquent déjà un ralentissement de leurs carnets de commandes, tandis que d’autres, à l’image de Nvidia, subissent de plein fouet les conséquences des restrictions : la firme devrait enregistrer 5,5 milliards de dollars de dépréciation d’actifs, à la suite de l’interdiction d’exporter ses puces H20 vers la Chine.
La Fed reste en soutien, sans s’engager
Dans ce climat incertain, la Réserve fédérale poursuit une approche prudente. Jerome Powell a confirmé une stratégie attentiste, préférant éviter toute action précipitée.
L’objectif prioritaire : éviter un désancrage des anticipations d’inflation, qui s'envolent selon le dernier sondage de la Fed de New York, tandis que les perspectives de croissance sont revues en baisse.
Malgré cela, certaines statistiques se veulent rassurantes. Les dernières ventes au détail aux États-Unis ont surpris positivement, portées par des achats anticipés des ménages, probablement motivés par la peur d’une flambée tarifaire. Une tendance qui pourrait atténuer les premiers effets concrets de la guerre commerciale, du moins à court terme.
La BCE abaisse ses taux, profitant d’un euro plus fort
En Europe, la Banque centrale européenne a opté pour une nouvelle baisse de 25 points de base, ramenant son taux directeur à 2,25 %. Une décision qui reflète les fragilités persistantes de la croissance européenne, d’autant que la zone euro reste plus exposée au ralentissement mondial.
L’appréciation récente de l’euro (+4 % en un mois, à 1,137 $) offre une marge de manœuvre bienvenue à la BCE, qui peut ainsi poursuivre l’assouplissement de sa politique sans trop se soucier du différentiel de taux avec la Fed.
La Chine surprend encore… mais pour combien de temps ?
Du côté de Pékin, les derniers chiffres ont de quoi surprendre positivement : la croissance du PIB au 1er trimestre a atteint 5,4 %, au-dessus du consensus (5,2 %). Les ventes au détail progressent également à +5,9 %, tirées par un regain de consommation et des mesures de soutien gouvernementales.
Mais cette solidité est jugée temporaire. La Chine demeure la principale cible de l’administration Trump, et le durcissement des conditions commerciales pourrait freiner les exportations sur les prochains trimestres. Ce contexte nous a conduits à réduire notre exposition aux actifs chinois, adoptant une position neutre.
Quelle stratégie pour VOUS en tant qu'investisseurs ?
Face à une conjoncture toujours très volatile, la prudence reste de mise dans les allocations d’actifs. Les marchés saluent la trêve tarifaire, mais le terrain reste glissant. Voici notre positionnement :
Classe d’actifs | Position | Commentaire |
Actions internationales | Neutre | Le rebond est tactique, dépendant du calendrier politique. |
Obligations souveraines | Neutre | Peu de potentiel à court terme, rendements bas. |
Crédit Investment Grade | Surpondéré | Soutien des banques centrales, rendement attractif. |
High Yield & Emergents | Sous-pondéré | Trop de vulnérabilités liées à la guerre commerciale. |
Actions Chine | Neutre | Résilience courte durée, attentes modérées. |
À retenir
Le ton plus souple de Washington soulage les marchés, mais les tensions commerciales restent vives, avec des demandes unilatérales élevées.
La Fed reste vigilante mais non interventionniste, tandis que la BCE agit en prévision d’un affaiblissement économique plus marqué.
La Chine surprend par sa résilience, mais celle-ci pourrait s’éroder sous la pression tarifaire.
Côté stratégie, priorité à la qualité et au crédit Investment Grade, tout en conservant une posture défensive.
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